9 mars 2017

J'ai lu : La Passe-Miroir tome 1, Christelle Dabos


LA PASSE-MIROIR TOME 1, LES FIANCES DE L'HIVER, de Dabos





PARUTION : 2013 // 2016 (poche)
AUTEUR(E)S : Christelle Dabos
GENRE(S) : Fantasy
EDITION : Gallimard Jeunesse, 519p.

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la citadelle, capitale flottante du Pôle. A quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.










MON AVIS :

Pourquoi ? Pourquoi ai-je mis autant de temps à débuter cette saga ? Ainsi sont les seuls mots qui parviennent à s'insérer dans mon esprit dès qu'on m'évoque ce livre désormais. Bien qu'au final, avoir débuté seulement maintenant s'avère bénéfique car je n'aurais pas à mourir de désespoir en attendant le futur tome (enfin, en tout cas, moins que les fans de la première heure), je plains la moi du passé. Comment ai-je pu passer à côté de cette perle littéraire ?
Ce livre m'avait toujours fasciné à la librairie : sa couverture énigmatique, son résumé mystérieux et envoûtant... Une de mes plus proches amis le voyait comme un messie et partout je n'entendais que des critiques élogieuses à son égard; je me rends compte qu'au final c'est sûrement tout cette surenchère de compliments et de glorification de cette oeuvre qui a dû me rebuter à la commencer. Et puis, maintenant que j'ai sauté le pas et découvert l'univers si particulier de Dabos, je me dis que moi aussi je vais faire partie de ce peloton qui encense La Passe-Miroir.
Tout d'abord, l'univers en lui-même. Il est d'une justesse et d'une qualité ! On sent que l'auteur a mis du temps à créer un univers propre à elle qui reste rigoureux dans son parti pris et qui ne part pas à la dérive, toujours logique. De plus il mêle steampunk et ambiance Versailles à la Louis XIV, soit des univers que je chéris tendrement donc que demander de plus ? La complexité de l'univers et du scénario peut au début dérouter le lecteur. Cependant, doucement mais sûrement, au fil des pages, l'auteur nous en dévoile un peu plus, tout en nous enfonçant encore plus dans une mélasse de questions. On découvre le monde des Arches à travers les yeux d'Ophélie, l'anti-héroïne de la saga. Anima nous paraît être notre foyer, une petite bourgade de campagne où l'on a nos habitudes même si cela fait seulement 30 pages qu'on y a établi notre logis et celle du Pôle est pour nous un nouveau monde austère, froid et cruel où nous allons apprendre les cultures, coutumes et façons de vivre des étrangers avec la même innocence et maladresse que la petite Ophélie. D'ailleurs, parlons-en d'Ophélie et de tous les personnages en général : quelle palette de personnalités et de complexité ! Aucun personnage, chez Dabos, n'est simple, manichéen. Ils ont tous des qualités comme des défauts, ils ont tous des parts d'ombres qui font que rien ne les rend si "héroïque" ou "exceptionnel". Ophélie par exemple, bien que personnage principal et dotée de "dons" comme celui de pouvoir lire des objets ou passer à travers des miroirs demeure quelqu'un de maladroit, empotée, un peu candide et banale. Une jeune fille simple qui peut douter, avoir peur, faire des bêtises s'emporter et qui n'a pas un physique des plus attirants. Ce n'est pas parce qu'elle est l'héroïne du livre qu'elle va changer la face du monde et que tout va graviter autour d'elle : certes, son rôle dans l'intrigue est important mais ceux des autres personnages le sont tout autant. De plus, la complexité des personnages dans ce roman fait qu'on a du mal à ne pas s'attacher à toute la jolie assemblée qu'on nous présente. L'exemple le plus flagrant pour moi est celui de Thorn, apparenté comme le futur fiancé sorti de nulle part de la jeune femme. Apparaissant vers la fin des cent premières pages, il nous est décrit comme quelqu'un de froid, bourru, malpoli et cruel. Ma première impression pour lui fût un profond mépris et de jolis insultes tout en priant intérieurement qu'Ophélie lui en fasse baver tant il me paraissait détestable. A première vue, on peut donc comprendre que j'éprouvais comme une aversion pour lui. Et désormais... pensez-vous qu'en ayant lu la phrase précédente, vous auriez pu lire juste après que le personnage de Thorn est maintenant l'un de mes plus gros crushs littéraires qui soit ?
Son personnage, au fil des pages et de ses apparitions ponctuelles se dévoile progressivement et on y découvre un personnage maniaque, torturé et tiraillé par une vie des plus difficiles et un passé des plus reluisants. Il est haï par la moitié de la population et hormis sa tante, Bérénilde (qui elle aussi nous fait passer par une palette d'émotion, allant de la compassion et la gentillesse à une des colères et des frustrations les plus puissantes qui soient avant de ré-éprouver de la sympathie), il n'a personne d'autre réellement dans sa vie, à part ses livres de compte. Je me suis prise donc au fil des pages à éprouver une énorme affection pour lui, allant même au bout d'un moment jusqu'à pousser des petits cris de joie lorsqu'il entrait en scène en mode "Thoooooorn, il est parmi nous oh mon dieu" ahah. Je dois aussi avouer que la relation qui lie indéniablement Ophélie et Thorn m'a réellement touchée et, bien que très lente à se mettre en place, on sent toutefois qu'au fur et à mesure, quelque chose se tisse en eux. C'est long et ça me frustre grandement en tant que personne qui adore que ses espérances se réalisent le plus vite possible mais mon dieu, que c'est bon de lire leurs moments d'intimité ! Du coup on se console avec l'excellente écriture de Dabos qui nous délivre des moments de pur délice entre les deux de temps en temps (mention spéciale au "Je commence à m'habituer à vous" de Thorn à l'égard d'Ophélie, à mes yeux c'était comme s'il venait de lui dire "Je t'aime", j'en avais des frissons d'excitation !)
Le jeu d'écriture est tout simplement sublime. L'auteur nous transporte réellement dans son oeuvre, ses descriptions nous font imaginer ce monde qu'elle veut nous présenter avec tellement de justesse qu'on a l'impression d'avoir un film se déroulant dans notre esprit. Et que c'est fluide et captivant ! On a du mal à lâcher son livre pour ne pas savoir la suite. Et puis il y a tellement de questions résolues pour en soulever d'autres...
Bref, ce livre est pour moi une pépite, un must pour tout bon lecteur axé sur la jeunesse/young adult. Il s'est classé instantanément, en seulement 500 pages et quelques, sans avoir lu le deuxième tome dans mes sagas littéraires préférées. Je suis plus que pressée de retrouver Ophélie, Thorn et le reste des personnages pour le deuxième tome, en priant secrètement que certaines de mes interrogations obtiennent des réponses et que la relation Ophélie/Thorn qui me rend fébrile évolue sur la bonne voie ! Franchement, si vous hésitiez à commencer cette saga pour les mêmes raisons que moi : foncez. Vraiment. Vous pourriez passer à côté d'une aventure inoubliable et d'un moment de lecture des plus alléchants.


PASSAGES COUP DE COEUR ♥ :

Ophélie et son musée, ses interactions avec son grand-oncle, la première apparition d'Artémis, la plupart des échanges entre Ophélie et Thorn, les apparitions de Thorn, la rencontre d'Archibald, la rencontre d'Ophélie et de Renard...


MA NOTE:
Excellent ! C'est une saga que je recommande réellement, foncez elle va vous envoyer du rêve !!